L’Homme de Lettres
D’abord, je crois qu’il faut éviter de dire « les femmes », « les hommes », parce que ce sont des rengaines publicitaires. On peut déjà se demander quels hommes sauraient voir qu’il y a des femmes. Ce n’est pas évident !
À mon avis, il y en a assez peu. Ce sont plutôt des artistes. Pas des militaires, pas des magistrats, pas forcément des professeurs, pas de la fonction publique… Ils n’ont d’ailleurs pas toujours des femmes pour partenaires sexuels. Les grands couturiers, par exemple, à priori ne détestent pas les femmes, puisqu’ils les embellissent. C’est grâce à sa propre féminité, qu’on reconnaît qu’il y a quelque chose de l’autre coté.
Seulement, un homme et une femme, ça ne fait pas deux. Ça fait quatre, pour la raison suivante : votre féminité ne sera jamais la même que la sienne. « Ma féminité peut-elle s’entendre avec ton coté masculin ? », c’est ce genre de questions que se pose l’homme qui aime les femmes.
Personnellement, je n’ai jamais pu avoir de relations suivies ou même amoureuses avec une femme qui n’était pas indépendante financièrement. Je ne comprends pas comment font les hommes qui acceptent une relative servitude de leur femme. Si je rencontrais une jeune femme de 25 ou 30 ans, j’aurai tendance à lui dire : « Devenez indépendante financièrement, mariez-vous, faites deux enfants, et on verra ensuite si on peut avoir une relation intéressante. » Pour trouver une relation intéressante entre deux personnes de sexe différent, il faut que les problèmes lourds soient surmontés.
Philippe Sollers
20 ans, n°178, juillet 2001.
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