SOLLERS Philippe Blog

9 mai 2010

île de Ré

Classé sous Non classé — sollers @ 7:2

Dimanche 9 Mai 2010
FRANCE CULTURE à 14h00

L’île de Ré, Le Caire, Paris et quelques notes d’une flûte vagabonde formeront aujourd’hui ce carnet nomade qui sera raconté par Philippe Sollers que j’ai rencontré à l’île de Ré.

Pour un écrivain, le carnet est ce qu’il y a de plus étrange et de plus intime. C’est un autre temps, une respiration d’appoint, une mémoire profonde et oblique, une chambre noire, un filtre. Là sont notées les apparitions. Un rêve, et les morts sont là, tout à coup, plus vivants que jamais, soucieux ou énigmatiques. Une phrase banale, prononcée d’une certaine façon, et tout un paysage s’ensuit. Une odeur, une couleur, un bruit, et le grand navire de l’existence prend le large, très au-delà de l’actualité en écume, vers un passé qui ne passe pas, demande son développement, son récit futur. Je suis un personnage de roman, il va m’arriver des choses. Il faut rester en éveil, rien n’est négligeable ou indifférent, des rapprochements m’attendent, des signaux, des hasards objectifs. Je suis un animal enfantin, tous les sens participent à l’opération magique. Voilà, c’est parti : les personnages se présentent d’eux-mêmes, ils veulent être observés et décrits, ils jouent le jeu à leur insu, ils demandent à être radiographiés, mots, gestes, démarches, mimiques. Proust écrit : « Je vois clairement les choses dans ma pensée jusqu’à l’horizon. Mais celles qui sont de l’autre côté de l’horizon, je m’attache à les décrire. » Le carnet est cet autre côté de l’horizon.

Odeurs : « Salle à manger sentant la cerise quand on rentre au chaud, chambre à coucher sentant l’ombre et le parfum. » On y est, on s’y trouve. Ennui : « Moments où l’on voudrait qu’il y ait un incendie, n’importe quoi. » Surgissement de la mère morte en rêve : « Comprendrait-elle mon livre ? Non. » Espace libre : « Descendre les grands escaliers, mouvement vif du soleil et du vent. » Couleurs : « Belle mosaïque aux couleurs d’ignorance et de science mêlées. » Brusque souvenir : « Je les voyais dans leurs robes mauves réunies par les après-midi de printemps devant une barrière blanche, après avoir passé devant le pêcheur à la ligne. » Réveil : « Lueur plus claire dans les rideaux, pluie par un temps doux à l’aube, marche du boucher dans la rue suffisant à me faire voir la journée qui commence et à la continuer tout en faisant dormir mon corps. »

Tout cela sera utilisé, disposé, orchestré dans l’apparente continuité d’un livre. Mais ce qui compte est le surgissement, l’appel, la surprise, la révélation. Un bourdonnement de guêpe dans le ciel bleu « intact, sans mélange » ? C’est un avion. Aussitôt, pourtant, viennent des images de train, de bateau, de champs ou de mer. On développera des correspondances, on établira des rapports jusque-là inconnus. Proust a cette phrase extraordinaire : « Il nous semble d’autant plus difficile de mourir que nous sommes plus de choses. »

C’est vrai : les grands écrivains ne devraient pas mourir. D’ailleurs, ils ne meurent pas, ils se prolongent les uns les autres, ils viennent au secours de celui qui respire encore dans ce monde de fous (les « secours » de Proust : Saint-Simon, Nerval, Baudelaire). Mégalomanie ? Oui, mais ironique : « Je trouvais cruel qu’ils me disent « il y a longtemps de cela », comme si je n’étais pas le centre du monde, comme si les lois universelles m’étaient applicables. »

Bien sûr qu’on est le centre du monde, puisque le temps est là, sans cesse retrouvé, éclairé, dévoilé. Le carnet est un archipel féerique, une suite de clairières, une expérience spirituelle, une série de visions qu’on a sous la main. A la limite, on n’en est plus que le secrétaire, le fonctionnement n’en finit pas, il a lieu pour lui-même, c’est un débordement permanent. Encore, encore, encore. Personne ne se doute de rien, les acteurs s’agitent, argent, mondanités, politique, clichés, langues de bois, amours plus ou moins simulés, indifférences, vices, cruautés, morts. Le néant les attend, ils s’en doutent, ils redoublent leurs erreurs, ils tiennent à leurs mensonges, ils perdent leur temps. L’autre, lui, prend des notes. Il est de plus en plus sans illusions, mais quoi, il le faut. Comprendront-ils mon livre ? Non. Feront-ils semblant ? Peut-être. Mais quelle importance ? « Le vrai bain de jouvence, le vrai paysage nouveau, ce n’est pas d’aller dans un pays que nous ne connaissons pas, c’est de laisser venir à nous une nouvelle musique. » Finalement, on envoie un livre à un ami. Silence. L’a-t-il reçu ? « Si je l’ai reçu, me dit-il, tu peux être sûr que je l’ai lu, mais je ne suis pas sûr de l’avoir reçu. »


M
arcel Proust, CARNETS. Édition de Florence Callu et Antoine Compagnon, préface de Jean-Yves Tadié,  Collection blanche, Gallimard, 2002.

Philippe Sollers, Discours parfait. Éditions Gallimard, 2010.

 

8 mai 2010

« La clef de l’amour »

Classé sous Non classé — sollers @ 10:2

Volcan 

Décidément, la nature est très mécontente, et elle doit avoir ses raisons. Mis à part les ravages et les convulsons classiques, tremblements de terre, tempêtes, tsunamis, inondations et épidémies, elle franchit maintenant de nouvelles frontières. Personne n’attendait le désastre des « zones noires » de la côte atlantique, avec ses noyés à 3 heures du matin surpris par l’eau dans leur lit. Le chagrin et la colère des survivants des maisons destructibles font peine à voir. Ces constructions dans des lieux que l’on savait inondables sont un vrai scandale. On aimerait savoir à qui cette escroquerie mortelle a profité, mystères sous-marins administratifs. Je suis voisin, ici, dans l’île de Ré, d’une digue qui a explosé sous la violence du vent et de la marée furieuse. Du jamais-vu, avertissement brutal. 

Personne ne s’attendait non plus au nuage de cendres propulsé par ce volcan islandais qu’on croyait endormi sous la glace, ni à la fermeture des aéroports, pénalisant, loin de chez eux, 150.000 voyageurs français. L’Islande paraissait très éloignée, mais attention aux particules bloquant les moteurs d’avion et pouvant se glisser, invisibles, jusque dans les alvéoles de vos poumons. Affaire à suivre. 

Katyn 

J’ai fait mon enquête : presque personne ne savait jusqu’à ces derniers jours ce que signifiait exactement le nom de Katyn. C’est un des plus gros mensonges de l’Histoire, qui, pourtant, en compte beaucoup. C’est à Katyn que Staline a fait exécuter 22.000 prisonniers polonais d’une balle dans la nuque, en 1940. Ce crime, attribué par les Russes aux Allemands, a été couvert par les Alliés, comme dans un placard morbide. Staline, que Roosevelt appelait familièrement « Uncle Joe », avait soigneusement choisi ses victimes : toute l’élite polonaise décapitée, 7.000 corps encore non identifiés aujourd’hui. De même que les nazis ont perpétré un génocide de race, de même les Russes se sont employés à fabriquer un génocide de classe. Ajoutez à cela, en 1944, l’armée Rouge restant bras croisés au bord de la Vistule, pendant que les nazis réprimaient l’insurrection polonaise de Varsovie (200.000 morts), et vous comprendrez mieux, après le crash de l’avion du président polonais, le choc et l’émotion d’une nation entière. 

Rumeur 

Rien ne fait plus parler que les scandales sexuels, surtout s’il s’agit de personnes a priori insoupçonnables. Que faire de tous ces prêtres pédophiles ? Le pauvre Benoît XVI a bien commencé à faire le ménage, mais il n’en fera jamais assez, il faut qu’il expie, qu’il s’excuse à n’en plus finir, qu’il continue sa repentance en chemin de croix. La vertu juridique et puritaine anglo-saxonne tient enfin son grand coupable pervers : l’Église catholique et son bordel silencieux infect. Une arrestation et un procès télévisé du pape comme criminel sexuel seraient un événement énorme. Par compassion pour ce vieil homme très fatigué, j’irais lui porter des oranges en taule. On ne parlerait que de Mozart, son musicien préféré. 

Dans un genre plus mondain, voire carrément people, Carla Bruni et Nicolas Sarkozy devraient être flattés de la rumeur sur leur vie sexuelle, dont rien n’indique, pourtant, qu’elle soit contre-nature. Le spectacle, tout en les critiquant, les trouve donc jeunes, beaux, séduisants, ce qui n’est pas du tout mon avis, mais qu’importe. Un conseil de communication quand même : le mieux qu’on puisse faire avec une rumeur, c’est de ne pas la transformer en tumeur. 

Rimbaud

C’est une photo extraordinaire. Nous sommes à Aden, vers 1886, sur le perron de l’hôtel de l’Univers. Sept personnages posent : six hommes et une jeune femme. Les hommes se présentent de façon avantageuse, coloniale, très XIXe siècle. La jeune femme, plutôt jolie, a l’air détendue. Assis et accoudé à sa droite, un homme plus jeune et très différent des autres, cheveux courts, vêtu très simplement, penché en avant et fixant l’objectif de façon à la fois concentrée et froide, très moderne. C’est Arthur Rimbaud à 32 ans. Il est là, oui, et il est ailleurs. L’univers est son hôtel. 

On doit beaucoup à l’étrange Jean-Jacques Lefrère, qui publie cette photo, trouvée par des libraires au fond d’une caisse (1). Lefrère est un découvreur, le contraire d’un assis universitaire, un enquêteur précis et inspiré, notamment sur les existences fulgurantes et secrètes de Lautréamont (2) et de Rimbaud (3). Avec lui, pas d’idéalisation romantique : les faits qui font vivre ces œuvres dans un temps vivant. Vous regardez cette image inconnue de Rimbaud, devenu commerçant et trafiquant d’armes, loin de l’Europe, « continent où la folie rôde » (n’est-ce pas ?), et vous vous souvenez que c’est lui qui écrit, au commencement d’Une saison en enfer : « Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. » Ou bien, dans Illuminations : « Je suis un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui m’ont précédé; un musicien même, qui ai trouvé quelque chose comme la clef de l’amour. » Il ne pense plus à ces phrases. Les a-t-il oubliées ? Sûrement pas, mais il s’agit maintenant d’une tout autre et dure aventure. Tenez, le voici, ces jours-ci, poursuivant sa vie fantomatique, assis dans un coin du Café de Flore, à Paris. Il est en train de lire, avec un imperceptible sourire un peu égaré, le journal Le Monde. Il passe complètement inaperçu. 


1-
      Jean-Jacques Lefrère et Jacques Desse, Un coin de table à Aden.Éditions du Lérot, 2010.
2-      Jean-Jacques Lefrère, Lautréamont. Editions Flammarion, 2008.
3-      Jean-Jacques Lefrère, Rimbaud, lettres posthumes (1891-1900), Editions Fayard, 2010. 


Philippe Sollers

Mon journal du mois
Le Journal du Dimanche n° 3302 du dimanche 25 avril 2010.

 

1 mai 2010

« J’écris toujours. Que faire d’autre ? »

Classé sous Non classé — sollers @ 10:2

La grande force et la ruse de Sartre,  c’est sa vitesse. Non pas celle d’un « agité du bocal », comme l’a dit cruellement, et en état de légitime défense, Céline, mais plutôt celle d’une boule d’énergie tournant à toute allure devant vous. Vous ouvrez « les Mots », et dès la première phrase c’est parti : « En Alsace, aux environs de 1850, un instituteur accablé d’enfants consentit à se faire épicier.»  La suite, on croit la connaître, à condition de la simplifier, d’essayer, en pure perte, de la consacrer ou de la nobéliser. Qui a été le plus lucide sur soi-même et ce vieux pays de notables petits-bourgeois qu’on appelle encore la France ? Personne. Qui a encore très mauvaise réputation aujourd’hui ? Personne. Extrême liberté de Sartre dans tous les sens, même contradictoires. Il manque donc singulièrement à ce pays aplati.

D’où l’importance de ce volume autobiographique où, en plus des « Mots », on retrouve les « Carnets de la drôle de guerre » et le projet abandonné d’un gros livre sur l’Italie (l’incroyable névrose de Sartre à Venise). Tout est vivant, rapide, en reconstruction permanente, l’encre n’a pas le temps de sécher, chapitre suivant, ça roule. Vous n’aimez pas Sartre ? Vous préférez des esprits plus « poétiques » ou plus lents ? Pourquoi pas, problème d’allure. Sartre tourne, il se met sans cesse en cause, on peut être en désaccord avec lui, aucune importance, il écrit sec et précis, pense contre lui-même, se mitraille de tous les côtés, se démonte et se remonte comme une vieille horloge, dévoile ce qu’il appelle son « imposture » enfantine puis littéraire. « Je me demande parfois si je ne joue pas à qui perd gagne et ne m’applique à piétiner mes espoirs d’autrefois pour que tout me soit rendu au centuple.» Gagné.

Une des grandes affaires des « Mots », peu analysée mais qui se révèle mieux avec le temps, est religieuse. Le petit Alsacien Sartre, « enfant du miracle » puisque son père est mort un an après sa naissance, est coincé entre un imposant grand-père protestant et une grand-mère et une mère catholiques. Les hommes protestants sont « naturalistes et puritains », les femmes n’en pensent pas moins. Voici Louise, la grand-mère : « Elle détesta son voyage de noces : il l’avait enlevée avant la fin du repas et jetée dans un train. À 70 ans, Louise parlait encore de la salade de poireaux qu’on leur avait servie dans un buffet de gare : « Il prenait tout le blanc et me laissait le vert. »»

Encore mieux : « Cette femme vive et malicieuse pensait droit et mal, parce que son mari pensait bien et de travers ; parce qu’il était menteur et crédule, elle doutait de tout. » Elle est donc incroyante, mais elle rend ses enfants croyants « par dégoût du protestantisme ». Le petit Sartre a été baptisé catholique et mettra longtemps, dit-il, à devenir athée. Son père disparu l’a engendré « au galop » avant de mourir. « Plutôt que le fils d’un mort, on m’a fait entendre que j’étais l’enfant du miracle. De là vient, sans doute, mon incroyable légèreté. Je ne suis pas un chef, ni n’aspire à le devenir. Commander, obéir, c’est tout un… De ma vie, je n’ai donné d’ordre sans rire, sans faire rire ; c’est que je ne suis pas rongé par le chancre du pouvoir : on ne m’a pas appris l’obéissance.» Dans les « Carnets », déjà : « Je hais le sérieux.» Et : « Il n’est pas possible de se saisir soi-même comme conscience sans penser que la vie est un jeu.»

Pas sérieux, Sartre ? Eh non, voilà la surprise. La comédie sociale n’aura pas d’observateur plus implacable, au point de déborder dans la comédie rageuse de l’« engagement ». Il se revisite enfant : « On m’adore, donc je suis adorable« Mon grand-père croit au Progrès, moi aussi ; le Progrès, ce long chemin ardu qui mène jusqu’à moi.» Bref, ce petit garçon qui va bientôt éprouver sa laideur comme une « chaux vive » est sage comme une image, adhère aux valeurs familiales, respecte et attend tout des livres, même s’il dérive souvent du côté des illustrés de son âge ou du cinéma : « Aujourd’hui encore, je lis plus volontiers les « Série noire » que Wittgenstein. » Voyez l’enfant Sartre fixé comme un papillon par Sartre :  « Vermine stupéfaite, sans foi, sans loi, sans raison ni fin, je m’évadais dans la comédie familiale, tournant, courant, volant d’imposture en imposture.» Procès stalinien : « J’étais un épanouissement fade en instance perpétuelle d’abolition.» En 1975, parlant des « Mots », Sartre a ce propos stupéfiant : « Je n’ai pas décrit les rapports sexuels et érotiques de ma vie. Je ne vois d’ailleurs pas de raison pour le faire, sinon dans une autre société où tout le monde jouerait cartes sur table.» Difficile d’imaginer une partie de cartes de cette nature, ou alors, peut-être, en enfer.

Dieu n’existe pas, c’est entendu, mais la religion s’est changée en littérature : « Je pensais me donner à la littérature, quand, en vérité, j’entrais dans les ordres.» Sur « cette longue, amère et douce folie », Sartre est éblouissant. Il sait qu’il n’est ni Baudelaire, ni Flaubert, ni Mallarmé, ni Genet, mais tant pis, la littérature est une maladie dont il se dit guéri, après avoir enfin « pincé le Saint-Esprit dans les caves » et l’en avoir expulsé. Les caves, mais lesquelles ? Celles de Gide et du Vatican ? N’importe, la littérature, c’est la mort. « Entre 9 et 10 ans, je devins tout à fait posthume.» Plus fort : « Je devins ma notice nécrologique.» Plus fort encore : « Rassemblé, resserré, touchant d’une main ma tombe et de l’autre mon berceau, je me sentais bref et splendide, un coup de foudre effacé par les ténèbres.»  Finalement : « J’ai désinvesti, mais je n’ai pas défroqué : j’écris toujours. Que faire d’autre ? »

Courage de Sartre : « Je devins traître et je le suis resté, j’ai beau me mettre entier dans ce que j’entreprends, me donner sans réserve au travail, à la colère, à l’amitié, dans un instant je me renierai, je le sais, je le veux, et je me trahis déjà, en pleine passion, par le pressentiment joyeux de ma trahison future.» Et lucidité d’avouer ceci : « Dogmatique, je doutais de tout, sauf d’être l’élu du doute.»

On se moque parfois de Sartre, debout sur son tonneau en octobre 1970, en train de haranguer les ouvriers de Renault. On a tort, c’est là qu’il est sublime. C’est lui, n’en doutez pas, que la haine de la pensée voudra toujours liquider. Sartre, avec sa générosité folle, n’a jamais voulu faire partie d’une « élite », et on se souvient de la dernière phrase des « Mots » : « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui.»  Là, le Saint-Esprit sourit sur les toits : « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous » est encore une formulation christique. Quant à « que vaut n’importe qui », on reste rêveur dans un monde qui évolue à toute allure vers le n’importe quoi.

Comme on peut le vérifier dans ses « Carnets », Sartre admirait beaucoup Stendhal. On connaît la fin de « la Chartreuse de Parme » : « to the happy few ». Sartre, lui, a voulu être du côté des un-happy many. C’est son sacrifice étrange, mais c’est aussi sa grandeur. Il écrit ainsi en 1940 : « Un homme heureux est aujourd’hui si solitaire qu’il faut bien expliquer son sentiment : il parle de couleurs aux aveugles.»


Jean-Paul Sartre
, Les Mots et autres récits autobiographiques. Édition de Jean-François Louette et Juliette Simont. Éditions Gallimard, la Pléiade
.


Philippe Sollers

Le Nouvel Observateur n°2372 du 22 avril 2010.

 

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