SOLLERS Philippe Blog

28 avril 2013

Avril : « Les amoureux naissent libres et égaux en droits »

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Le Point.fr, 5 avril 2013.

Hollande est sympathique :
Ce Cahuzac m’épate. Quel joueur de poker ! Les yeux dans les yeux, la Suisse, Singapour, les laboratoires pharmaceutiques, l’aveu comme comble d’opacité, l’indignité nationale et la honte morale, voilà du grand art. Faut-il pour autant en vouloir à François Hollande ? Mais non, et je comprends de moins en moins les attaques réactionnaires dont il est l’objet. Hollande, là est son mystère, est tout simplement Hollande, pas plus, pas moins. Il a été élu, il occupe sa fonction, et il n’est pas sûr que le peuple français mérite mieux que ce Français calme. Hollande-Ayrault, voilà un couple de bonne volonté, et les injures du type « Hollandouille » ou « Jean-Marc Zéro » me semblent lamentables. Ils font du mieux qu’ils peuvent, ces deux-là, de façon honnête et sacrificielle, à l’image du pape François plébiscité pour cela. Le Figaro, très sévère pour Hollande, exige de lui un remaniement gouvernemental. En revanche, pour le pape, cet éloge : « Aux yeux de la société du spectacle a surgi un nouvel acteur sympathique et doué. » Pourquoi donc ne pas admettre, laïquement, que Hollande est sympathique et doué ?

Prétendants :
Je n’ai pas encore fait mes choix d’avenir. Je vois qu’on me vend beaucoup le retour en fanfare de Sarkozy, le bon sens épais de François Bayrou, la truculence bizarre de Jean-Louis Borloo, mais ce film me paraît usé, et Copé, Fillon, Raffarin, se sont déjà brûlés dans un western UMP incompréhensible. Mélenchon m’électrise pendant deux minutes, Moscovici n’a pas l’air sincère, Montebourg m’amuse parfois, Fabius est déprimé, Valls me paraît bien parti, mais la route est longue, la Sécurité est pleine d’insécurités. D’ailleurs, Wauquiez et Le Maire commencent à peine leur carrière. Ce qui peut arriver de pire à Hollande, après de nombreuses péripéties au bord de l’abîme, ce sera d’être réélu en 2017.

Prétendantes :
Les vrais prétendants font défaut, les prétendantes ne m’enchantent guère. Je n’écoute pas les chansons de Carla Bruni, les critiques littéraires de Valérie Trierweiler, dans Match, me semblent très grises, les chichis bourgeois de NKM me débranchent, Dati me paraît datée, Pécresse rabâche, Duflot me crispe, Batho m’endort, Bachelot ne me fait pas rire, Taubira grossit, Filippetti m’ennuie, Hidalgo m’assoupit. Marine Le Pen est peut-être une bonne cuisinière (son compagnon a l’air bien nourri), mais son commissaire politique aux lèvres minces, Florian Philippot, est blême à faire peur. Pas de doute, c’est un Jacobin, il rétablirait la guillotine. Pourvu que le bon vieux Juppé, le meilleur de tous, soit réélu à Bordeaux ! C’est toujours à Bordeaux qu’il faut aller quand la France dérape.

Encore Houellebecq :
Libération a entendu mon message : Houellebecq est bien le prophète-poète de notre temps de misère. Photo-choc, à la une, en vieille femme grimaçante, entretien touchant, appel à mettre sa triste poésie en musique (l’album !), titre énorme pour annoncer le tout : « Le monde n’est plus digne de la poésie« . À quoi le nouveau pape, inspiré par Dante, répond déjà sur Twitter : « Mais si, mais si. »

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Le Point.fr, 12 avril 2013.

Paradis :
Je rêve : il fait beau et chaud, je suis aux Caraïbes, et ma chambre, avec terrasse, dans l’élégante bâtisse blanche de style colonial de la banque Stanford, ouvre directement sur un superbe palmier. Le ciel est, par-dessus le toit, très bleu, très calme. Les îles Vierges, je vous le dis, il n’y a pas mieux comme paradis. J’ai évité Chypre à la dernière minute, j’ai filé à Malte, et de là, à Singapour, puis retour aux îles Caïmans, et enfin, après l’Uruguay, voici les Petites Antilles. Les voyages sont légers et instantanés quand on est porté par les banques. Les Bahamas, les Bermudes, le Liechtenstein, les Maldives, les Seychelles, n’ont plus de secrets pour moi. Mes 150 milliards d’euros, gagnés grâce à ma « Jouvence du Dr Sollers », recommandée par Le MondeL’Express, et tous les laboratoires pharmaceutiques, n’en finissent pas de grossir. Rien à voir avec le Viagra, beaucoup trop brutal, style DSK ou Cahuzac. Non, du fluide, de l’enveloppement, de la distance, un côté chinois. Je rêve, je rêve.

Mensonge :
On me demande ce que le professionnel capillaire Cahuzac a voulu dire avec son expression  » je me suis enfermé dans la spirale du mensonge « . Le mensonge éhonté, les yeux dans les yeux, serait donc une spirale ? Définition géométrique :  » Courbe plane décrivant des révolutions autour d’un point fixe en s’en éloignant de plus en plus. » La  » spirale de Cahuzac « , invention suisse, mériterait de rentrer dans l’histoire des mathématiques. On comprend que, spiralé comme il est, il veuille rester député à 13 000 euros par mois. Pas de profits négligeables dans une spirale. Tous les élus l’ont compris, et tremblent pour leur patrimoine.

Plagiats :
Le grand rabbin de France a menti, il avoue ses emprunts, les explique, s’accuse, et reconnaît même, dans la foulée, n’être pas agrégé de philosophie. Benoît XVI a-t-il eu raison de faire confiance à un tel pécheur ? Mais oui, faute avouée est déjà pardonnée.

Hollande :
Mon ami Jacques-Alain Miller me reproche de trouver Hollande « sympathique« . Il n’est pas de mon avis, ce qui prouve qu’il reste insensible à la violence des attaques contre ce pauvre persécuté, qu’on a pu voir zigzaguer dans les rues de Tulle avant de trouver quelqu’un à embrasser en toute sécurité. Je vais envoyer un peu de ma « Jouvence » à Hollande. Si ça ne marche pas, je modifierai la formule.

 

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Le Point.fr, 19 avril 2013.

 

Transparence :
La transparence patrimoniale et le contrôle de la fortune des élus ne me suffisent pas, d’autant plus que des écrans de fumée ne seront sans doute jamais levés. Puisque le mariage pour tous a déclenché une sorte de guerre civile, il me paraît donc nécessaire que la transparence soit aussi de mise dans la vie privée des représentants du peuple. Dans ce but, quelles que soient ses tendances sexuelles, chaque élu, chaque élue rédigera une déclaration annuelle de comportement. Précisions pratiques, fréquence des relations physiques, couleur des fantasmes, indices de satisfaction, nature des infidélités conjugales, escapades diverses, changements de partenaire, rêves de divorce, niveau d’affectivité, grossesses douteuses, certificats médicaux, attitude par rapport aux enfants. Bien entendu, les demandes de mariage seront particulièrement étudiées. La Commission de contrôle paritaire, renouvelable tous les neuf mois, gay et non-gay, statuera en toute indépendance, et délivrera les autorisations républicaines.

Moralisation :
L’effet moralisateur de ces mesures, après les scandales DSK et Cahuzac, ne se fera pas attendre. Il n’y a pas que le chômage, la compétitivité économique et le pouvoir d’achat. Le monde du désir s’exprime. Je peux déplorer, à titre personnel, que les figures de Frigide Barjot et de Christine Boutin surgissent au premier plan de l’information (je n’aperçois pas leur possibilité, sauf caricaturale, dans l’un de mes livres), mais je reste à l’écoute des vociférations progressistes ou réactionnaires de mon temps. Le contrôle sexuel doit rejaillir sur la stabilité sociale, laquelle se trouve très en danger. Cette affaire de mariage va booster les professions libérales, notaires, avocats, médecins, curés, magistrats. Les dossiers d’adoption créeront une fièvre particulière (sans parler de ceux, futurs, de la PMA et de la GPA). La recomposition des familles sera permanente, coup de fouet à la croissance et à la consommation. Les chômeurs ou les chômeuses du mariage paieront une amende spéciale. Tout le monde doit être plus ou moins marié avant la fin du quinquennat.

Poésie :
Les enfants, à l’école, devront réciter, chaque matin, un poème de Michel Houellebecq, notre grand écrivain national, « le plus lu dans le monde entier« . La presse est unanime et enthousiaste. Houellebecq, aujourd’hui, c’est Hugo, Baudelaire, Lautréamont, Mallarmé et Verlaine, en plus clair et en plus populaire. Les spécialistes vous le disent à chaque instant, vous pouvez leur faire confiance.

Récitation :

Voici ce que seront les récitations émouvantes des enfants, tirés des chefs-d’oeuvre de Houellebecq : « Ainsi, générations souffrantes, / Tassées comme des puces d’eau / Essaient de compter pour zéro / Les capteurs de la vie absente, / Et toutes échouent, sans trop de drame / La nuit va bien recouvrir tout / Et l’épuisement monogame / D’un corps enfoncé dans la boue.« 

Je m’arrête. Je pleure. Je ne grandirai jamais. Je me débats dans la boue.

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Le Point.fr, 26 avril 2013.

 

Morale :
Rien de plus nécessaire que l’introduction de la morale laïque à l’école. Je souffre encore, aujourd’hui, de ne pas avoir connu cette formation élémentaire. De là, un parcours erratique et contradictoire, un manque de sérieux et un humour mal placé, tout cela aggravé par des lectures dont l’immoralité n’est plus à prouver. L’immense poète communiste Paul Éluard trouvait déjà que les Fables de La Fontaine étaient foncièrement immorales. Il avait raison. Je ne suis pas fier d’avouer à la commission de contrôle que j’ai adoré me réciter à haute voix Les fleurs du mal, du réactionnaire Baudelaire, sans oublier les monstrueuses inventions du marquis de Sade, lues en cachette de mes professeurs. On ne m’a pas assez appris à me méfier de ces influences délétères. J’étais anarchiste à cinq ans, surréaliste à douze et, immanquablement, ultra-gauchiste par la suite, avant de célébrer, ultime provocation, la grande intelligence perverse des jésuites. Mon cas aurait pu être évité, dès le jardin d’enfants. Je ne connais pas de formule plus dangereuse que celle de Rimbaud : « La morale est la faiblesse de la cervelle. » Veillons à ce qu’elle ne soit pas reprise de nos jours.

Dates :
Les magazines s’agitent. Sommes-nous en 1789 ? Dans les années 30 ? Allons-nous tout droit, après les manifestations contre le mariage pour tous, vers une explosion d’extrême droite, une sorte de « Mai 68 à l’envers » ? Le nouveau calendrier, promulgué après le 11 Septembre et les attentats de New York, est-il écorné par l’odieuse tragédie du marathon de Boston ? L’armée française sera-t-elle encore au Mali en 2017 ? La libération providentielle des otages prouve-t-elle l’existence de Dieu ? Toutes ces questions, et bien d’autres, jour après jour, finissent par donner au temps une couleur bizarre. Est-il sorti de ses gonds, le temps, dans les paradis fiscaux ? Si nous sommes en 1789, Robespierre est déjà là, et les têtes roulent massivement dans la sciure, place de la Concorde. Si nous nous retrouvons dans les années 30, Staline est à la manœuvre, et Hitler ne manquera pas de surgir. J’ai peur. Faites-moi la morale.

Chiffres :

Combien de manifestants ? 45 000 ou 270 000 ? 3 500 ou 15 000 ? La police a ses raisons que les passions ignorent. La plus belle pancarte que j’ai vue, brandie par les militants gay, est celle-ci :  » Les amoureux naissent libres et égaux en droits. » L’idée selon laquelle on naîtrait « amoureux » m’a paru très belle. Que la conséquence en soit le mariage et l’adoption peut se discuter à l’infini, mais la République a tranché, dans un grand moment fraternel et égalitaire. Une Assemblée nationale debout, laissant éclater sa joie socialiste malgré la crise, le chômage, les licenciements et la baisse du pouvoir d’achat, voilà une grande leçon d’idéal moral à inscrire dans les annales.

Amour :
Christiane Taubira parle d’amour comme personne. Elle est transportée, transportante, transvasante. Enfin une femme politique qui ne craint pas de faire sans arrêt des citations poétiques et philosophiques ! Vous me direz que ses références sont disparates, mais ça n’a aucune importance. Il y a l’amour, l’amour, et encore l’amour. Elle annonce le temps des cerises, le retour des gais rossignols et des merles moqueurs. Je la serre dans mes bras reconnaissants, je sens que je pourrais vivre avec elle d’amour et d’eau fraîche.

 

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15 janvier 2012

Le rire de Mozart

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DSK à Pékin
Et le revoilà ! Rasé de frais, en pleine forme, invité par le géant d’Internet en Chine, pour une conférence de quarante-cinq minutes à Pékin. Il parle un anglais parfait, survole l’économie mondiale, critique la gestion de l’euro, sourit à son nouveau destin qui s’annonce. Les camarades chinois ont réussi un coup fumant : si les Américains ont arrêté DSK à New York pour une affaire confuse, il est célébré dans la capitale de l’empire du Milieu. Tout va bien : Anne Sinclair a été élue « femme de l’année » au détriment de Christine Lagarde, notre séducteur national prend des cours de civilisation érotique accélérée. Doué comme il est, il parlera couramment chinois dans deux mois. Quelqu’un de bien informé m’assure que les escort girls chinoises qui accompagnaient DSK étaient toutes des petites-filles des anciennes jeunes expertes convoquées par Mao, le samedi soir, dans le pavillon des Chrysanthèmes de la Cité interdite. Fini les aventures glauques avec n’importe quelle Blanche maladroite surveillée par « Dodo la saumure » ; oublié les bousculades et les vulgarités d’autrefois ! Place aux nuits de Chine raffinées et câlines ! Si j’étais à la place des socialistes, je reprendrais vite ce ténor comme candidat à la présidence française. Lui seul, réhabilité, blanchi, peut l’emporter largement sur Sarko, Marine Le Pen, Hollande, Bayrou. Il faut tout reprendre, réécrire le scénario, enfiévrer ce pays morose, quitter la Corrèze, le Pas-de-Calais, les Bouches-du-Rhône, s’aligner sur le choix éclatant de Pékin. DSK président? C’est l’évidence. Crise, chômage, récession, agonie de l’euro, devenir mondial de la monnaie chinoise, lui seul a les solutions.

La Chinoise
Il se passait de drôles de choses à Paris en 1966, et elles ont explosé deux ans plus tard dans un événement mémorable. Le livre épatant d’Anne Wiazemsky, Une année studieuse (1), en témoigne. Elle a 19 ans à l’époque, elle vient de tourner avec Robert Bresson, elle écrit à Jean-Luc Godard, qu’elle l’aime, il vient la voir, ils commencent une liaison, ils vont se marier clandestinement en Suisse. Godard, 36 ans, est déjà très célèbre (À bout de souffle, Pierrot le fou, l’admirable Mépris), mais il est en train de virer gauchiste, d’où La Chinoise, petit livre rouge de Mao à l’appui. Les scènes cocasses abondent : Godard demandant la main d’Anne à son grand-père François Mauriac, le mariage expédié devant un maire suisse ahuri, Jean Vilar, au Festival d’Avignon, s’obstinant à appeler le film « La Tonkinoise », etc. On découvre ici un Godard inconnu, fragile, coléreux, jaloux, tranchant, sentimental et génial. J’avais presque oublié qu’il m’avait réservé un rôle dans son film, et je ne regrette pas mon absence. Que voulez-vous, c’était notre jeunesse, et nous n’en aurions pas voulu d’autre. C’est ce que doit encore penser un certain rouquin de Nanterre, université où Anne est censée faire des études de philosophie. Personne ne le connaît à l’époque. Il s’appelle Dany Cohn-Bendit, et il va bientôt soulever des foules. Godard, Cohn-Bendit, et moi dans un coin : trouvez-moi aujourd’hui un autre plateau télé de ce genre.

Seins
Le spectacle, désormais, abonde en contradictions hurlantes. D’un côté, les crises d’hystérie des Coréens du Nord à la mort de leur dictateur (femmes convulsées en pleurs, cris de détresse) ; de l’autre, la disparition d’un vrai saint laïque de la liberté, deuil émouvant, à Prague, pour Václav Havel. D’un côté, les massacres à huis clos en Syrie ; de l’autre, les manifestations anti-Poutine. Le vieux Benoît XVI, très fatigué (on le serait à moins), bénit cette planète de plus en plus folle, et parle de la « lassitude » des chrétiens occidentaux abrutis dans leurs fêtes, tandis qu’on tue des chrétiens un peu partout, au Niger et ailleurs. Le clou spectaculaire est quand même la brusque irruption des implants mammaires sur vos écrans. Cachez-moi tous ces seins que je ne saurais voir ! Dans cette charcuterie dangereuse et démente, il y a eu des milliers d’implantations, il y aura maintenant des explantations. On plante, on implante, on explante, on réimplante, voilà le menu. Si vous voulez rire quand même, lisez ou relisez le petit roman prophétique de Philip Roth, Le Sein, publié en anglais en 1972, et seulement en 1984 en français (2). Plus fort que la Métamorphose, de Kafka, difficile à faire. Un homme est soudain transformé en gros sein et raconte ses aventures. C’est ahurissant et tordant.

Blasphème
J’étais prêt à me déchaîner contre la cathophobie systématique révélée par différents spectacles blasphématoires, comme Golgota Picnic. A-t-on idée ? Imagine-t-on une pièce intitulée « Auschwitz cocktail », « La Mecque lunch », « Dalaï-Lama porno » ? Elle serait aussitôt interdite, et nous n’aurions pas à subir les pénibles démonstrations publicitaires des cathos intégristes, prières à genoux, cierges et croix. Un blasphème réel ? Oui, en voici un, et il a eu lieu à la Scala de Milan, lors d’une représentation étourdissante du Don Giovanni de Mozart. Enfin un metteur en scène qui ose montrer l’ambivalence des héroïnes de cet opéra insurpassable. Anna, pas mécontente de se faire violer avant l’apparition de son Commandeur de père ; Elvire transie d’amour pour son scélérat de mari, se déshabillant et restant frémissante en combinaison de soie verte ; Zerline, enfin, aguicheuse, mutine, menteuse, pas du tout la paysanne bornée et bernée qu’on a l’habitude de figurer. Et voici le blasphème le plus violent de nos jours. À la fin, entraîné en enfer par le Commandeur, Don Giovanni disparaît dans les flammes. Le quatuor des victimes s’avance au premier plan pour se réjouir que justice soit faite avec l’aide de l’au-delà. Stupeur : Don Giovanni réapparaît, désinvolte, et allume une cigarette. Fumer dans un théâtre prestigieux ! Acte beaucoup plus transgressif qu’une scène pornographique ! On sent le public gêné, réticent, sourdement réprobateur, d’autant plus que les représentants du bien, eux, sont expédiés en enfer. Le mal triomphe, cigarette à la main ! On entend quelqu’un mourir de rire en coulisses : Mozart.

(1) Gallimard, janvier 2012.
(2) Folio n° 1.607.

Philippe Sollers – Le Journal du Dimanche n° 3485, dimanche 01 janvier 2012.

 

 

 

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